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Tendances
hiver 2002 / 2003: le noir gothique
Mars
2001. Entièrement maculées (têtes,
becs et ongles) de noir opaque, les silhouettes pensées
par le duo de créateurs, Viktor & Rolf, défilent.
Une manifestation en touches calligraphiques, plus soucieuse
de la matière et de la forme que du détail. Les
deux Néerlandais l'avaient annoncé : le "total
black look" sera.
Hiver 2002.
Le retour du romantisme est clairement assumé. Liberty,
flocage, jupon, dentelles, tulle et mousseline. Les citadines
virevoltent dans un nuage de poudre et d'essences de fleurs
sauvages. Couleurs douces, tons sur tons, camaïeux. L'insouciante
légèreté de l'être. Ou de la jupe.
Mais les petites fées ont prévu de dévoiler
leur côté sombre pour cet hiver. Le noir est toujours
là. Le mouvement revival rock est annoncé (le
groupe new yorkais The Strokes squatte les couvertures des magasines
les plus tendances), qui nous fait franger nos sacs à
mains et déchirer nos jupes en jeans vintage. Face aux
moyens d'expression bruts et roughs de la silhouette 80's, le
noir s'en retourne, lui, à l'esthétisme pur. Il
puise dans les racines du romantisme et exacerbe les émotions.
Il est emblématique et offre une résonance à
nos plus profondes angoisses. C'est grâce à ce
noir là que l'on retrouve le chemin de l'élégance,
tout en n'hésitant plus à afficher notre part
d'ombre, notre fascination pour la mort et le deuil. Il devient
reflet de nos humeurs et de l'humeur d'une société
en pleine introspection. En cette fin d'année, la plupart
des créateurs ont donné naissance au "gothique
chic".
Le point de départ
:une puissante créativité orientée vers
le romantisme victorien du XIXème siècle et c'est
tout logiquement que le noir se fait gothique. Véritable
vivier de détails de coupe et d'ornementation, comme
les capes, les jabots, les corsets, chemises amples, gilets,
froufrous et toutes sortes de dentelles. Il existe d'autres
inspirations vestimentaires gothiques, prenant leur source dans
la panoplie du Moyen Age ou de la Renaissance avec les principes
d'oeillets et de laçages. Le style gothique urbain, plus
rude et proche du mouvement SM est, quant à lui, laissé
de côté. Nous voici donc devenues adeptes du dieu
Bacchus. Décidées à privilégier
le présent, "l'être", l'harmonie avec
la nature et à associer nos déjà classiques
résilles avec les pièces majeures de certaines
griffes. Un vent de communion souffle. Le noir occupe une place
de choix chez Balenciaga, Yoji Yamamoto ou encore
Sonia Rykiel. On se rappelle aussi la petite robe noire
Ford créée en 1926 par Coco Chanel, et
aujourd'hui vêtement mythique.
Le noir se veut plus mystérieux?
Et bien soit. En vue : une cape de voile cloqué
chez Paule Ka, une jupe arachnéenne perlée
chez Tom Ford pour Gucci, une robe fourreau-bustier
en velours chez Gaultier et Le haut lacé en mousseline
de soie de Tom Ford pour Yves Saint Laurent. Yves
Saint Laurent, qui consacre une large partie de sa collection
à révéler notre noirceur. Brandebourgs
chez Gaultier, voile de dentelle chez Ungaro,
froufrous en étamines de laine chez Chanel, plumes
d'autruches chez Valentino ou encore longue traîne
plissée de taffetas chez Givenchy; le détail
gothique, l'accent, la coupe nous envahissent. Il est temps
de ressortir le chapelet façon Madonna, les longues chaînes
de métal brossé et raffiné ou encore toutes
sortes de fleurs vénéneuses en dentelles délicates
que l'on agrippera à l'épaule ou sur la poitrine.
À l'heure où les soirées batcave (re)prennent
possession des sous-sols parisiens, c'est au son de Joy Division,
The Cure ou Bauhaus que l'on enfilera la paire de bottes en
dentelle de cuir souple Patrick Cox qui nous donnera
un peu de ce mystérieux maintien à la manière
d'une Morticia Adams. Et bientôt le crépuscule
se verra peuplé de fées à la blancheur
diaphane, de noir vêtues ou dévêtues, glissant
sur le sol comme autant de silhouettes sorties d'un univers
" Tim Burtonien ". Black is back.