Pour
ceux qui sont titillés par lenvie de prendre la
plume, mais nosent pas. Pour ceux qui sinterrogent
sur la pertinence de sinscrire dans un atelier décriture
pour enfin se familiariser avec leur propre style. Ou pour ceux
que la création littéraire intéresse, lire
Ecriture (1) de Stephen King pourrait être une
révélation. Cest ce que cette uvre
a été pour moi
Le
sous-titre : "Mémoire dun métier",
dont les termes, par lindétermination quils
recouvrent, imposent le sérieux, fait dentrée
adopter au lecteur une attitude grave.
Rassurez-vous
s'il
est bien question de conseils visant la construction dune
uvre, ceux-ci sont habilement tissés à
la biographie de lauteur où lhumour tient
une bonne place, croyez-moi. Ainsi, Ecriture en plus
dêtre le lieu de conseils, savère
une uvre à part entière et pleine de vie.
Or, si la fonction de lart est dimiter la Vie,
non dans ses apparences et cela est surtout valable en art
plastique, mais dans sa nature, sa structure, alors luvre
de Stephen King est une réussite ! Ecriture
lue, laisse limpression du foisonnement de la vie, du
mouvement
Dautres
conseils valables en peinture éclairent également
(heu... Stephen King désapprouve lemploi des
adverbes quil compare à des pissenlits beaux
à lunité, mais qui, envahissant le champ
le lendemain, lenlaidissent !) la pratique littéraire.
Ainsi, un auteur ne prend pas notes dune histoire quil
aurait dans la tête pas plus quun peintre ne copie
une image mentale finie. Non ! Lesquisse dune
intrigue, dun ou deux personnages, dune description
ou, en peinture, de quelques taches (peindre, cest salir
limmaculée feuille blanche), de quelques lignes
suffit à orienter la suite du travail. En effet, lamorce
limite delle-même les possibles dune uvre,
lincline naturellement dans un sens. Ce nest plus
ensuite quune question de dialogue avec les premiers
éléments et ceux quils appellent.
Stephen
King propose en outre, après lécriture
de la première version, de laisser reposer au moins
six semaines le travail avant denvisager une seconde
version. Comme en peinture, une sorte de myopie sattache
à une étape du travail qui empêche davancer,
datteindre à une unité. Ce laps de temps
écoulé, variable pour chacun, une perception
plus exacte devient possible et permet les retouches : moment
le plus agréable, à mon avis, un peu (excusez
ma comparaison) comme une version latine quand le vocabulaire
et la grammaire élucidés, il ne reste plus quà
élaborer une belle traduction !
A
me lire, on pourrait croire la création facile. Cest
aussi le sentiment que jai eu à la lecture du
livre de Stephen King. Sil réside une quelconque
facilité elle ne vient, je pense, que de la pratique
: le premier conseil de Stephen King étant de : "
Lire et écrire le plus possible ". Et sinon,
quel espoir de croire chacun capable à priori de création
dans un domaine ou un autre ! Lessentiel nétant
pas de prétendre à un Picasso, à un Chateaubriand
à limmortalité (tous autant paralysants),
mais de se faire plaisir en créant !
La
lecture dEcriture de Stephen King a été
pour moi une révélation, disais-je en préambule,
pour la raison que le principe créateur est le même
quil sagisse décriture, de peinture
ou de nimporte quelle forme dart. Pourquoi ne
lavais-je pas compris avant ? comment la littérature
a-t-elle pu si longtemps me tenir en respect ? Je me promets
dy réfléchir. Mais, et vous, quand vous
mettez-vous à lécriture ?
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Frédérique
Girin
Décembre 2001 |
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