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Cizia
Zyké : "Un aventurier est
avant tout un rêveur, un utopique un peu allumé
qui préfère s'identifier à Robin
Hood qu'à un salopard."
Tout
à tour contrebandier, trafiquant de fausses marques et
de camions, ancien patron de boîte de nuit, chercheur
d'or, ex-drogué, Cizia Zyké a été
de toutes les expériences et de toutes les contrées.
Né au Maroc en 1949, d'un père légionnaire
albanais et d'une mère grecque, c'est en 1989 qu'il publie
son premier livre Oro qui se
vend à plusieurs centaines de
milliers d'exemplaires. Suivront
une dizaine de romans, avec entre autres Sahara, Parodie,
Paranoïa qui l'affirmeront comme l'un des meilleurs
conteurs du baroud et de l'aventure vécue. Rencontre
avec l'un des derniers aventuriers des temps modernes.
Jean-Louis Tallon - Avez-vous l'impression d'avoir pris plus
de risques en écrivant les Aigles que dans tous vos précédents
livres ?
Cizia Zyké - Non, pas vraiment. Si j'ai pris des
risques, ils sont mineurs.
JLT - Pourquoi êtes-vous passé à l'écriture ?
CZ - Ca va vous paraître bizarre, parce que j'ai une
image de gros macho. En fait, ça s'est fait par hasard, lors
d'un repas familial qui se déroulait à Paris. Il y avait là
un journaliste qui m'a dit que ce serait merveilleux si je publiais
mes souvenirs. Je n'en avais aucune envie mais les propos du
journaliste en question ont fait rêver ma petite maman à qui
j'ai voulu faire plaisir. C'est comme ça qu'est né Oro.
C'est un cadeau pour elle.
JLT - Quelle est la part de fiction et de réalité dans vos
récits ?
CZ - Les trois premiers sont rigoureusement authentiques.
J'ai changé des noms, des dates, des lieux, j'ai omis certains
épisodes mais je n'ai jamais exagéré.
JLT - Comment qualifieriez-vous vos récits ? Est-ce que ce
sont des romans autobiographiques, des carnets de route ?..
CZ - Ce ne sont pas des carnets. Je ne me suis jamais
posé la question dans ce sens. Car je n'ai jamais eu d'optique
éditoriale.
JLT - Vous n'avez jamais pensé à écrire ? Même dans votre
enfance ?
CZ - Jamais.
JLT - Même quand vous avez vécu vos aventures, vous ne vous
êtes pas dit : " Tiens, un jour peut-être que je raconterais
tout ça… "
CZ - Jamais.
JLT - A mesure que vous publiiez, écrire n'a-t-il pas été
pour vous un moyen de revivre vos aventures passées ? Ou est-ce
que tout cela est simplement venu d'un engrenage de type éditorial
?
CZ- Non. J'ai écrit mon deuxième libre, Sahara,
avant que Oro ne soit publié. J'ai passé un contrat avec
une maison d'éditions. Mais il me fallait attendre un an avant
d'en publier un autre pour un certain nombre de raisons. De
toute manière, je pensais déjà faire un carton avec Oro.
Il m'a donc fallu meubler cette attente. Sahara étant
déjà dans mes tiroirs, j'ai écrit Parodie. Voilà comment
ça s'est passé. Mais comme j'avais goûté à l'écriture, j'ai
voulu aborder ensuite d'autres thèmes : le huis clos parisien,
l'aventure, la paranoïa, tous les cas de folie possibles. Je
suis moi-même un peu allumé…
JLT - Vous considérez-vous comme un individualiste ?
CZ- Absolument.
JLT - Avez-vous découvert des choses sur vous par le biais
de l'écriture ?
CZ - Non, pas sur moi. Mais en écrivant mes romans, j'ai
connu de grands moments de création, d'extraordinaires moments
de défonce, presque.
JLT - A ce propos, il est souvent question de marijuana ou
d'opium dans vos récits. Ecrivez-vous sous l'influence de drogues
?
CZ - Une totale influence.
JLT - Ecoutez-vous de la musique lorsque vous écrivez ?
CZ - Non. Pas pendant l'écriture. C'est impossible.
JLT - Pour qui écrivez-vous ?
CZ - Pour l'aventure éditoriale, d'abord. Et puis, je
suis devenu papa. Il m'a donc fallu vivre une existence relativement
tranquille où je pouvais continuer à lire, à voyager et à écrire,
bien sûr.
JLT - Seriez-vous prêt à repartir pour vivre des aventures,
disons " musclées ", telles que vous les décrivez dans Oro
ou Sahara ?
CZ - Tout dépend si l'action demande ou non une
intervention musclée. Mais sinon, il n'y a aucun problème.
JLT - Vous écrivez d'un trait ?
CZ - Oui. En fait, je suis avant tout un scénariste.
J'attache beaucoup d'importance à ce que le scénario soit concis.
Ensuite, il y a plusieurs relectures, tout un travail minutieux
dans le découpage, dans l'enchaînement des épisodes, avant d'arriver
au stade proprement dit de l'écriture.
JLT - En qui ou en quoi croyez-vous ?
CZ - En moi. Et puis en certaines valeurs, certaines
lois, certaines morales : l'amitié, la famille, le respect de
la parole, de certaines règles de chevalerie…
JLT - Vous êtes un chevalier des temps modernes ?
CZ - Non. Mais un aventurier est avant tout un rêveur,
un utopique un peu allumé, qui préfère s'identifier à Robin
Hood qu'à un salopard…
JLT - C'est lié à votre adolescence, cette façon de prolonger
et d'inscrire le rêve dans la vie réelle, au travers de l'aventure
?
CZ - Oh, mais c'est certain. Et puis on a une longue
lignée de guerriers ou d'aventuriers dans la famille. Je suis
le porteur de flambeau.
JLT - Adolescent, aviez-vous des modèles ?
CZ - Sans doute. On en a toujours. Avec les lectures
ou d'autres choses…
JLT - Avez-vous des influences littéraires ? Vous réclamez-vous
d'un courant de pensée ou de forme d'écriture ?
CZ - Non, aucun. Je ne lis plus depuis très longtemps
de toute façon.
JLT - Vous considérez-vous comme un aventurier en tout ?
CZ - Je me considère comme un marginal qui a ses propres
lois et qui essaye de les tenir.
Propos
recueillis par Jean-Louis Tallon
novembre 2001 à la Fnac Part-Dieu de Lyon
Sahara,
Hachette (1986) Oro, Livre de poche (1986) Paranoïa, Livre de poche (1990) Histoire de fous, Livre de poche (1997) Les Aigles, éd. du Rocher (2000) Blasphèmes, éd. du Rocher (2001) La révolte d'Amadeus Jones, éd. du
Rocher (2002)